Friday, May 18, 2007

Vendredi 18 mai 2007

Quelques nouvelles

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PODIUM

Régulièrement, lors des visites des correspondants polonais de Steszew ( région de Poznan ) chez leurs amis de Pleine Fougères ( Bretagne ), dont les communes sont jumelées, une sympathique « querelle » ressurgit à propos de Malbork et Fougères pour lesquelles chaque groupe revendique le titre de « Plus grand château médiéval d’Europe ».
Mais qui a raison dans ce petit « conflit » empreint de part et d’autre d’une dose de chauvinisme ?
La réponse se complique un peu plus depuis mon récent ( mercredi 9 mai ) « pèlerinage » sur les pas de Guillaume le Conquérant à Caen au cours duquel une guide m’a affirmé que le
château du vaillant Normand était le plus grand d’Europe ! Cette Caennaise me précisant même que la forteresse de sa ville pouvait contenir l’enceinte fortifiée de Carcassonne entre ses murs !
Je sais qu’un groupe de Steszew doit se rendre à Pleine Fougères dans quelques semaines. Le débat s’annonce donc encore plus « chaud » si Witek Radogostowicz, mon ami de Steszew ardent
supporter du chef d’œuvre Teutonique dressé en Mazurie, aura lu cette dernière nouvelle !
Alors , Malbork - Fougères - Caen , ou Malbork - Caen - Fougères, ou Fougères – Malbork - Caen, ou Fougères – Caen - Malbork, ou Caen – Malbork - Fougères , ou Caen – Fougères – Malbork ?


BATAILLE ( s ) EN NORMANDIE

C’est en 1943, à la conférence de Québec qu’a été prise la décision de tenter, au printemps de 1944, sur le continent européen, une grande opération de débarquement baptisée Overlord. Contrairement à ce qu’attendait le commandement allemand, ce n’ est pas sur les côtes du nord de la France, proches de la Grande Bretagne, que les alliés décidaient d’effectuer leur opération, mais sur le littoral de la baie de Seine. En débarquant sur le rivage de Basse-Normandie, moins fortifié que celui du Pas-de- Calais, les alliés disposaient de l’avantage de la surprise. Faute d’un grand port dans le voisinage pour décharger le matériel lourd, on avait prévu de mettre en place deux ports artificiels, l’un en face d’Arromanches, entre Tracy et Asnelles, à l’extrémité ouest du secteur britannique et l’autre en face d’Omaha Beach, dans le secteur américain. Pour désorganiser la défense de l’adversaire, l’aviation et la marine alliées étaient chargées, juste avant la mise à terre des premières troupes, de procéder à un bombardement massif des ouvrages du Mur de l’Atlantique. Au moment de l’attaque, des véhicules blindés spéciaux ( chars amphibies, chars bulldozers, chars démineurs, chars lance-flammes ) devaient appuyer les assaillants.

Le jour J

L’opération de débarquement commençait dans la nuit du 5 au 6 juin par le largage de 3 divisions aéroportés aux deux ailes du front. La mission des parachutistes américains, dans le secteur de Saint-Mère-Eglise, et des parachutistes britanniques dans celui de Ranville, consistait à s’emparer de certains points clés (batteries d’artillerie, ponts, routes, écluses …)
Peu après, quelques centaines de Rangers réussissaient à capturer la position fortifiée de la Pointe du Hoc, grâce à un assaut particulièrement audacieux. Au même moment, entre 6 h 30 et 7 h 30, débarquaient par mer, sur les 5 plages prévues, 135 000 hommes et environ 20 000 véhicules.

Opération Overlord

Utah, Omaha, Gold, Juno, Sword : 5 pseudonymes donnés aux 5 plages normandes choisies par les forces alliées pour prêter main forte à la France sous le nom de « Opération Overlord ».
5 noms de « beach » désormais indissociables comme les 5 doigts d’une main.
Une main mesurant entre 80 et 100 kilomètres, tendue par les Britanniques, les Canadiens, les Polonais, les Tchécoslovaques, les Luxembourgeois, les Néerlandais, les Belges, les Américains, les Grecs, les Danois et les Norvégiens pour franchir le « Mur de l’Atlantique » érigé par l’occupant allemand.
Pendant quelques jours, 63 années après cette « Bataille de Normandie », j’ai foulé les plages, arpenté les digues, longé les falaises, visité les ports de ces côtes qui ont retrouvé leur nom de baptême : « Côte de Nacre » et « Côte Fleurie ».
Des côtes dans le ciel desquelles les mouettes, les goélands, les cormorans ont repris cet espace que l’aigle du IIIème Reich leur avait volé et dans lequel les cerfs-volants ont remplacé les avions de guerre !
Des côtes où le mot « beach » est redevenu « plage » sur laquelle les enfants bâtissent des châteaux avec du sable qui a retrouvé sa couleur après avoir vu rouge, et sur lequel ils poussent des voitures miniatures dont ils imitent le bruit des moteurs avec leur bouche après l’infernal brouhaha des blindés !
Des côtes dont les seuls assauts que les plages subissent aujourd’hui sont ceux des marées de baigneurs et de touristes rythmés par celles de la Manche qui offre son spectacle deux fois par jour !

Retrouvailles

Comme prévu, les élèves de l’école Eugène Pottier de Saint- Jacques-de-la-Lande, accompagnés de leurs homologues de Pont-Réan, sont venus me rejoindre sur la côte normande avec leurs professeurs 2 mois et demi après l’inoubliable étape de départ parcourue de concert le 8 mars dernier.
Alors, plutôt que d’épiloguer sur cette tragédie qui a secoué et ensanglanté le Monde au milieu du XXème siècle, et qui est traitée par une multitude d’ouvrages littéraires et cinématographiques, j’ai choisi d’en « rire » … même si je l’avoue, ce rire est « jaune » comme une certaine étoile.
Peut-être qu’inconsciemment je comptais sur ce mardi 15 mai et sur ce bataillon de gosses, armés de leur insouciance et de leur juvénilité, pour bouter hors de mes pensées ces obsédantes images accumulées depuis quelques jours ?

« La fleur au fusil »

A l’heure H, un engin de débarquement camouflé aux couleurs de la Compagnie des cars Orain, a fait son apparition …
En quelques secondes, la barge a déversé sur le parking de la Pointe du Hoc une armada de fantassins bariolés et armés jusqu’aux dents de chewing-gum, et de Smarties …
Aux ordres de leurs supérieurs, « deux par deux, en file indienne », ils se sont regroupés pour un briefing dont un ordre de mission m’avait attribué la haute responsabilité . Pour l’ assumer, j’avais effectué une reconnaissance préalable du terrain à jour J-3. Dans un silence comme seule une troupe de 50 gosses peut garder, j’ai donc présenté le théâtre et l’ordre des opérations :
- le 1er bataillon avait pour mission de résoudre les divisions
- le 2ème bataillon, avait pour mission de s’occuper des soustractions
- le 3ème bataillon avait pour mission d’effectuer les multiplications
- le 4ème bataillon avait pour mission de régler les additions
Bombardés de consignes et d’instructions, camouflés dans leurs tenues de combat fluorescentes K Way, les « nouveaux combattants » prirent d’assaut la place forte dans un parfait désordre !
En hommes de terrain parfaitement entraînés, rien n’échappa à leurs investigations et à la pertinence de leurs commentaires ! Certains louaient même les paysagistes qui les avaient précédés pour préparer ce terrain « plein de trous » qui leur permettait de « s’éclater comme des ouf ! ». D’autres se révélaient fins stratèges dans des parties de cache- cache, de chat perché ou de saute moutons !
Certains exprimaient de véritables talents d’ingénieurs du son en imitant le bruit des armes à feu « comme si on y était »
Probablement reporters de guerre, quelques-uns mitraillaient les opérations avec leurs appareils photo numériques.
Beaucoup désobéissaient aux consignes de sécurité et transgressaient les ordres affichant un sens aigu de la prise d’initiatives et faisant preuve d’une grande bravoure face au danger !
Alors que la bataille aux accents de « guerre des boutons » faisait rage, sur le flan ouest des escadrons de nimbostratus firent leur apparition dans le ciel normand. Aux cris de « courage fuyons ! », lancés par l’état- major réuni au grand complet au Q. G. ( Quartier des Grands ), les déserteurs se replièrent en agitant le tee-shirt blanc de la retraite en signe d’abdication !
Et le combat cessa faute de combattants !
Mis en déroute par cet ennemi venu du ciel, les vaincus trouvèrent refuge dans la « caserne scolaire » de Port en Bessin après une halte sur les tombes de leurs camarades Américains tombés au champ d’honneur en 1944 !
Mais comme j’ai décidé d’en « rire », je vais conclure ce « rapport » par ce « cri du cœur » entendu à la Pointe du Hoc : « je remercie les Allemands d’avoir fait tous ces trous !.. ».
Ce commentaire ne venait-il pas mettre un nez rouge sur le visage de ce« clown moustachu » à l’origine de cette terrible 2ème guerre mondiale ? Seul un gamin a ce pouvoir …Un pouvoir que je n’ai plus, ce qui m’avait empêché de ne pas penser à cette véritable « boucherie humaine » cauchemardesque de Saint-Martin de Vareville à Ouistreham rappelée par moult stèles, monuments, croix, cimetières,, drapeaux …
Savaient-ils ces férus d’histoire de France « en culottes courtes » qu’à quelques kilomètres de la Pointe du Hoc, se trouvait la célèbre fabrique des « bonbons d’Isigny au bon lait de Normandie »? Je leur ai caché cette information de crainte qu’ils ne rempilent tous comme volontaires pour s’engager dans une nouvelle « Bataille de Normandie » ! Une bataille qu’ils baptiseraient « Opération Caramel » afin de prendre d’assaut le célèbre établissement .

Après le départ de cette joyeuse troupe de « va t’en guerre », je me suis retrouvé au pied de mon mur « De l’Atlantique à la Baltique » . Un mur dont tous ces gosses m’aident à franchir les échelons grâce à leur présence, à leur insouciance, à leur pétulance, à leur générosité, à leur fidélité, à leurs commentaires surprenants, à leurs questions incongrues…

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