Monday, November 27, 2006

De temps en temps

Adossé à la forêt à une quinzaine de kilomètres au nord-est de Pniewy, Koźle est un village situé au centre d’un périmètre virtuel formé par : Forestowo, Wielonek, Zapust, Rudki-Huby, Otorowo, Buszewko, Dęborzyce et Zajączkowo.

Des lieux dont parfois la prononciation des noms m’est aussi rebarbative que de mordre la chair âcre des prunelles sauvages dont les grappes opulentes alourdissent les branches des buissons en ces jours d’été finissant.

Mais il m’est beaucoup moins amer d’inscrire ces noms de villages à l’index de mon « atlas » aux côtés d’une trentaine d’autres bourgades que j’ai eu le loisir de découvrir au gré de mes longues courses quasi quotidiennes depuis mon arrivée en Pologne à la mi-août et mon « débarquement » à Orliczko.

Souvent minuscules, ces « places » sont devenues des « capitales » car j’y ai pris le temps...

-le temps d’admirer les silhouettes graciles d’une harde de chevreuils sur le qui-vive, prêts à bondir comme des ressorts vers des cachettes plus sûres

- le temps de lever les yeux au ciel pour m’inscrire dans ce ballet aérien offert par une patrouille de buses

- le temps de mal supporter le concert cacophonique a capella d’une bande de geais en goguette dans un bois de bouleaux

- le temps de porter un regard inquiet sur la beauté, peut-être mortelle, d’un champignon

- le temps de deviner les efforts d’un bûcheron dont le labeur est trahi par ses « ahan » et par le ronflement de sa machine aux dents d’acier

- le temps d’observer la fuite d’un goupil pris en flagrant délit de rapine dans laquelle la victime laissera des plumes

- le temps de juger la parfaite géométrie d’un tas de bois en partance vers une fabrique de meubles

- le temps de m’interroger sur l’identité de cet oiseau dont la ritournelle ne m’est pas familière et qui refuse obstinément de montrer le bout de son bec. Le soliste veut rester incognito.

- le temps de jalouser devant les acrobaties d’un rongeur à poil roux et à queue touffue qui, dans ce sous-bois, me fait regretter d’être né sous le signe des poissons et non sous celui de l’écureuil, ce qui m’aurait été plus utile dans cet univers sylvestre.

- le temps de pester contre cette racine dont la traîtrise a faillit m’envoyer les « 4 fers en l’air ».

- le temps de ramasser une plume et d’avoir une pensée pour tous ces hommes d’antan dont le métier était d’écrire

- le temps de maugréer contre cette ligne droite longue comme un jour sans pain

- le temps de remercier la présence de cette borne 107 qui se faisait tant attendre, peut-être pour me mettre en garde contre ma « boulimie kilomètrique » ?

- le temps de saisir délicatement cette branche d’accacia entre mes doigts pour l’effeuiller de ses limbes que je lance comme une poignée de confettis

- le temps de répéter des coups de pied dans une pomme pour la faire rouler devant moi le plus longtemps possible

- le temps de me prendre les pieds dans un tapis de faines et de les faire craquer sous mes semelles

- le temps de croquer dans une pomme comme aux premiers temps bibliques, sans toutefois, en provoquer les mêmes conséquences maléfiques sur la Terre et les Hommes

- le temps de me désaltérer discrètement au robinet du modeste cimetière de Nojewo

- le temps de saisir une badine pour intimider le chien de la ferme de Forestowo et lui faire croire que ses crocs et sa rangée d’incisives ne m’impressionnent pas ... ce qui est totalement faux

- le temps d’essayer, sans succès, de reconnaître les traces de pas laissées par un quadrupède sur le sable de cette allée forestière : blaireau, renard, chevreuil, sanglier ?

- le temps d’essayer d’attribuer un nom au propriétaire sans gêne de quelques déjections animales

- le temps de lire dans le sable qu’une femme ou qu’un homme à bicyclette m’a précédé tôt ce matin sur ce chemin

- le temps d’interroger ma mémoire sur la différence entre l’écorce d’un hêtre et celle d’un frêne. A quelques mois de la retraite, celle du bouleau n’a plus de secret pour moi

- le temps de consulter le calvaire pour qu’il m’indique la bonne direction, gauche, droite ? Mais la croix de bois me laisse dans l’expectative. Me commande-t-elle de rester dans le droit chemin ?

- le temps de colérer contre ce quidam qui prend la forêt pour une poubelle et a déposé ce sac d’ordures éventré

- le temps de rire en coin devant le regard interrogatif de cette villageoise de Gnuszyn qui, me voyant courir, me demande inquiète « Co się dzieje ? » (Qu’est-ce qui se passe ?)

- le temps de parier sur la victoire d’un rapace dans son duel qui l’oppose à un congenère convoitant le même rongeur que lui. En guise de trophée, le vainqueur de cette « prise de bec » emportera sa proie dans le nid familial.

- le temps de compatir à la lente descente aux enfers d’une feuille de chêne victime de l’intransigeance de l’automne qui n’attendait que le 21 septembre pour la faire chuter de son piédestal et mettre fin à son règne.

- le temps d’interrompre les agapes d’une nuages d’étourneaux qui, dans un champ de chaume, avaient déroulé la nappe de leur pique-nique un lendemain de moisson

- le temps de m’apitoyer sur la désolation d’un arbrisseau de myrtille rendu stérile par l’aridité des mois d’été. Pour le minuscule arbre fruitier, cet automne a déjà un goût d ‘hiver.

- le temps d’assister au départ « en flèche » et d’embarquer clandestinement à bord d’une caravane d’oies sauvages en partance pour un voyage au long cours vers des horizons plus cléments où elles passeront leur quartier d’hiver avant le retour au bercail au printemps prochain pour les plus résistantes.

- le temps d’apprécier ce coup de fouet donné vigoureusement par l’eau froide du tuyau d’arrosage au terme d’une longue course

- le temps d’assister aux premiers coups de pinceau de l’automne sur la nature. Rentré au pays, je ne pourrai pas assister au vernissage dans quelques semaines. Ce privilège me sera offert dans une autre campagne plus occidentale

- le temps d’assister au premier coup de semonce du froid qui, cette nuit, n’a pas hésité à franchir quelques barreaux négatifs sur l’échelle thérmomètrique centésimale de Celcius.

Pendant une vingtaine d’années, j’ai couru contre le temps. Je voulais en finir au plus vite pour atteindre la ligne blanche d’arrivée d’un marathon, d’un 100 kilomètres ou d’une course de montagne. ... Mais le temps « prenait son temps » et je n’ai jamais réussi à « descendre » sous les 3 heures sur les 42, 195 kilomètres du marathon ou sous les 10 heures pour un 100 kilomètres.

Parfois, je devais parcourir la plus longue distance possible sur une durée déterminée : 6, 12 ou 24 heures. Là, « le temps m’était compté », allié ou ennemi, il n’en faisait qu’à sa tête !

Curieux ce rapport subjectif que nous avons avec le temps !

Depuis la mi-août j’ai couru quasi quotidiennement pour me préparer à cette longue randonnée dont j’envisage de prendre le départ en mars 2007. Probablement un volume d’heures (entre 3 et 5 par jour) comparable à celui des années 70 et 80 où je pratiquais la compétition. Toutefois la planification de ces entraînements, leur durée, leur intensité étaient définies par rapport à un programme de courses.

Aujourd’hui à l’âge où un calendrier m’est plus utile qu’un chronomètre, et correspond plus à mes capacités physiques, et à quelques mois de l’échéance que je me suis fixée, j’ai essentiellement besoin d’additionner les heures sans les décliner en nombre de kilomètres parcourus. Alors pour symboliser ce nouveau rapport que j’ai avec le temps, il y a quelques jours je me suis rendu à Koźle pour confier à mon ami Witek, « l’immortalisation » de son banc, sur lequel j’ai marqué quelques pauses.

Le banc de Koźle

Le banc de Koźle et les accacias

Ce sera ma façon de saluer respectueusement ces sentiers, ces villages, ces champs, ces forêts et leurs habitants humains et animaux que je dois quitter le 2 novembre pour rejoindre l ‘Anjou, ma région natale où j’ai fait mes premiers pas...

Là-bas, en bord de Loire, les villages portent des noms plus faciles à prononcer pour moi comme : Baugé, Moulhierne, Pontigné, Jarzé, Bocé, Fontaine-Guérin, Fontaine-Milon, Montpollin, Cornillé les caves etc...etc...

La forêt de Chandelais, à son tour, m’offrira ses sentiers, ses sous-bois, ses sons, ses parfums, ses humeurs. Les prunelles seront au sol avec chataignes, glands, noix, marrons avec d'autres fruits et baies sauvages en fin de vie...

Orliczko, 13.10.2006

Le don volontaire de moelle osseuse :

En 2004, en collaboration avec mes amis de « Moelle Tricolore » je décidais d’associer ma randonnée de la source de la Loire à son estuaire à Saint-Nazaire (voir l’article « Robert BARTHE pas à pas »), à une campagne de sensibilisation et de propagande en faveur du don volontaire de moelle osseuse.

Cette initiative collective, sportive et humanitaire portant le nom de « Loire-Espoir ».

Sans que cela soit une certitude, à l’heure où j’écris ces lignes, et sans que la forme en soit arrêtée, j’envisage de renouveler cet engagement de solidarité avec des femmes, des hommes, et des enfants en moins bonne santé que moi, à l’occasion de ce nouveau projet intitulé : « De l’Atlantique à la Baltique ».

Des contacts ont déjà été pris à cette fin par les dirigeants de Moelle Tricolore auprès d’autres associations et organismes investis dans cette cause commune.

Quelle que soit l’issue de ces contacts, la cause soutenue en 2004 est hélas, toujours d’actualité en 2006 et le sera en 2007. Il m’apparaît opportun d’évoquer sans relâche cette carence de donneurs volontaires de moelle osseuse.

Carence dûe, en partie, à un déficit d’informations. C’est la raison pour laquelle grâce à une amie de la Maison de la Bretagne de Poznań, qui me soutient dans ce projet, j’ai obtenu une notice explicative du don volontaire de moelle osseuse (D.V.M.O.). Pour en savoir plus consultez le site internet de l'Association « Moelle-Ticolore » : http://www.moelle-ticolore.com .

Genèse (très) romancée d’un projet

Il est 22 heures... peut-être plus, peut-être moins ? Avec ces heures nocturnes qui ne defilent pas tout à fait comme les autres, on ne sait jamais. On ne sait jamais à moins de consulter... Et puis non, c’est sans importance. Cette nuit il m’est agréable de libérer le temps en le débarrassant du carcan des secondes, des minutes et des heures ...

Toutes ces aiguilles le font tourner en rond et lui donnent le tournis alors basta !

Demain il fera jour et la prison refermera alors ses lourdes portes. Profitons de cette intemporalité nocturne !..

A propos de défilé, les images de cette soirée passée à Olsztyn (Warmie-Mazurie) au centre franco-polonais, défilent elles aussi dans mes pensées « au bras » de toutes ces silhouettes fugaces « campagnes-colocatrices » de ma nuit.

Le rideau est tombé sur le 3ème acte de cette saga ligérienne commencée en 2004 (voir l’article : « Robert BARTHE pas à pas » ). Elle sera à l’affiche une trentaine de fois pour mon plus grand plaisir, car, décidément, cette « trilogie » randonnée-reportage-conférence m’apporte beaucoup de satisfactions et trouve des échos favorables auprès du public. Puzzle « sportivo-culturel » qui rabat le caquet à celles et ceux qui pensent, quand ça leur arrive, que sport et culture ne sont pas de la même « famille ».

Qu’il serait dommage de ne plus se revoir ! N’est-ce pas Monsieur Kazimierz Brakoniecki ? Ce voyage et cette rencontre dans le centre que vous dirigez ne peuvent pas être les derniers.

Qu’il serait dommage de ne plus vous rencontrer, vous mes amis de la Maison de la Bretagne de Poznań (Wielkopolska) n’est-ce pas ?

Qu’il serait regrettable de ne plus vous rencontrer, vous autres collectionneurs habitués à qui je ramène des « cartes postales » de mes pérégrinations pédestres, cyclotouristiques, voire fabuleuses.

On ne va pas se quitter comme ça ! Il me faut donc penser à écrire « d’autres pages de vie » pour les feuilleter plus tard ensemble.

C’est bien connu, « la nuit porte conseil ». Je la consulte donc une nouvelle fois, sans détour, « les yeux dans les yeux ». Elle me sera vite grée de ma franchise et ne tardera pas à m’apporter « ses lumières » à condition me dit-elle : « que ces nouvelles pages soient ambitieuses, attractives, et originales ».

Je te le promets

Alors écoute, pourquoi ne pas rallier la France à la Pologne, ces deux pays qui comptent le plus pour toi ?

Tu oublies que j’ai déjà fait ce voyage plus de vingt fois.

Après toutes ces nuits blanches ou « à la belle étoile », nous avons pris l’habitude de nous parler à la 2ème personne du singulier. Mais ne voyez aucun manque de respect dans ce tutoiement, seulement une complicité.

« A toi maintenant de faire travailler ton imagination, tu as déjà prouvé que tu n’en manques pas »

Le compliment est flatteur.

Tais-toi, ta fausse modestie pourrait maquiller un vrai mensonge, tu ne serais pas le premier à le faire »

Depuis mon premier voyage en Pologne, effectué en autocar (1993), j’ai utilisé différents moyens de locomotion : l’automobile, l’avion, et la bicyclette. C’est incontestablement ce dernier mode qui m’a laissé les meilleurs souvenirs. Souvenirs que j’ai confiés dans une nouvelle de quelques pages intitulée « De passage» (à paraître sur le site).

Les autres ne m’avaient rien inspiré de particulier sinon de la lassitude, de l’ennui, et de la fatigue. Mais une fatigue que je qualifierai « d’inutile », incomparable à ces fatiques qui sont le prix à payer pour accéder à « d’autres planètes émotionnelles ». Des villages, des capitales, d’archipels qui ne figurent sur aucune mappemonde !..

Un bref retour dans l’atlas géographique et européen de ma mémoire me donne la quasi certitude qu’il est possible de rallier la France à la Pologne en longeant tour à tour les côtes de l’Océan Atlantique, de la Manche, de la Mer du Nord, et de la Mer Baltique.
Cela répondrait aux conditions imposées par la nuit : ambitieux, attractif et original.

Il me faudra consulter une carte routière de l’Europe pour identifier très exactement les pays qui figurent au générique de cet itinéraire en compagnie de la France et de la Pologne : la Belgique, les Pays-Bas, l’Allemagne et le Danemark que ma mémoire avait omis dans son inventaire initial. A moins qu’il s’agisse tout simplement d’une ignorance dûe au désintérêt que je portais aux leçons de mes professeurs de géographie au lycée.

40 années après ce piètre comportement, la motivation étant enfin présente, je réparais ce camouflet par une lecture attentive d’un guide touristique relatif à ce pays le plus septentrional de l ‘Europe continentale qui depuis, attise beaucoup ma curiosité et me fait piaffer d’impatience.

Comme toute chose, la nuit a ses limites, alors, son écran se brouille. Elle ne m’en dira pas plus lors de son régne du 22 au 23 mars 2006. J’aurai recours à un autre écran (celui d’un ordinateur) et à des moyens plus sophistiqués (Internet) pour avoir une évaluation de la distance totale de cette nouvelle existence aventureuse de 6000 kilomètres, qui « commence à bouger ».

6000 kilomètres soit, entre 1/6ème et 1/7ème du tour de la planète Terre !...

A propos de Tour du Monde, Monsieur Jules Verne, dont la France célébrait le 100ème anniversaire de la disparition en 2005, n’avait pas hésité à multiplier les moyens de locomotion à la disposition de son héros Philéas Fogg pour lui permettre de boucler le sien en 80 jours : paquebots, navires de commerce, trains, voitures, yachts, éléphant et traîneau à voile... excusez du peu !

Hormis l’éléphant et le traîneau à voile, je ne voyais rien de très excitant et de très sportif dans cette liste hétéroclite dûe à la prolixe et aventurière plume du célèbre Nantais. Je décidais donc d’occulter les 5 premiers que je laissais à d’autres « baroudeurs » du XXIe siècle plus près des formules « clefs en mains », très lucratives pour les compagnies des Tours Operators, que des formules « chaussures de randonnée aux pieds ».

Il me restait à choisir entre le pachiderme trompeur et le traîneau. Pour le premier, je ne me sentais pas l’âme d’un cornac pour marcher sur les traces des compagnons du général Hannibal dans sa lutte contre les Romains. Pas plus que je ne croyais en mes talents de vocaliste pour imiter le cri de Tarzan. J’en étais certain, la petite sirène de Copenhague ne succomberait jamais au chant de cette pâle imitation. Quant à me faire passer pour Mowgli, je n’y songeais même pas. Le dernier miroir que j’avais consulté m’en avait sévèrement dissuadé.

« Tu ne fais plus très gamin pour te promener avec un livre dans la jungle européenne » m’avait-il lancé au visage.

Restait le traîneau cher à Roald Amundsen, Paul-Emile Victor, Marek Kamiński, Jean Malaurie, Nicolas Vannier et autres admirables « Hommes des neiges et des glaces ». Aussi séduisant que puisse paraître ce mode de déplacement, j’ai vite démontré les limites de mes compétences dans le domaine de la glisse lors de l’hiver 2004-2005 à l’occasion d’une randonnée en luge tractée par un cheval, dans les sous-bois d’une forêt proche de Kórnik (région de Poznań). Et qui plus est, la poudreuse ne m’était pas garantie sur tout le parcours en ces régions plus méridionales que le Groenland qui, je l’avais appris en lisant le guide touristique, avait obtenu un statut d’autonomie interne le 1er mai 1979, sans cesser de faire partie du royaume de Danemark.

Il ne me restait plus qu’à refermer le chef-d’oeuvre de Jules Verne et laisser le gentleman britannique et son domestique Passepartout à leurs bagages...

J’avais bien dans les miens quelques « engins » destinés à un spectacle que je devais mettre en scène en juin à Pniewy dans le cadre d’un festival de théâtre de rues pour enfants et adolescents.

Que deviendront-ils au soir du dimanche 4 juin, quand le rideau tombera sur ces réjouissances théâtrales, que l’on doit à l’initiative de mon amie Anna Zalewska? L’un d’entre eux ne pourrait-il pas convenir à cette déambulation côtière qui, j’en étais certain, n’y perdrait rien de son originalité.

« Qui risque rien n’a rien »... Fort de ce slogan entreprenant, je décidais de passer à l’action et en revue ces éventuelles réponses à mon questionnement.

Un bon dessin, ou une bonne photo, valant mieux qu’un long discours, voici, surprises par l’objectif de mon ami Artur Szych, acteur et metteur en scène de théâtre, des vues sur ces essais menés dans l’intimité du village de Orliczko.

Essai no1 : la baignoire

Après avoir été instructeur de kayak de mer pendant quelques années, le maniement de cette embarcation ne m’effrayait pas le moins du monde. La perspective de voir « la vie en rose » comme le granit du côté de Trebeurden et de Ploumanac’h ou celle de prendre d’assaut la forteresse de Fort la Latte avant de « rendre visite » au corsaire malouin Robert Surcouf m’émoustillaient même beaucoup.

Ainsi équipé de pied en cap, ce qui me situait entre le commandant Cousteau, le grand océanographe dont mon fils Mickaël semble vouloir prendre la relève, et Alain Bombard qui, en 1952, réussit la traversée de l’Atlantique en solitaire à bord d’un canot pneumatique, je me sentais paré comme un grand navigateur.

Mais, au large de Skagen, la où la Mer du Nord « passe le témoin » à la Mer Baltique, par un vent de force 5 ou 6 sur l’échelle de Beaufort, ne craignais-je pas de rejoindre dans le destin, et par les fonds marins, les centaines de victimes du naufrage du Titanic qui, en 1912, a prématurément mis fin à sa croisière inaugurale au large de Terre-Neuve.

Ayant opté pour le don de mes organes après ma mort, je préfère que ce soit au service de mes frères humains plutôt qu’aux poissons, même si je suis né sous le signe astral du même nom.

Conclusion : solution trop aquatique !

Essai no2 le carosse

Trois des pays que l’histoire et la géographie ont placé sur mon itinéraire ont, à leur sommet, des monarques. Ces « têtes couronnées » sont : Albert II en Belgique, Béatrix aux Pays-Bas, et Marguerite II au Danemark.

Me voyant déambuler sur ce carosse, le peuple ne me prendrait-il pas pour le quatrième de la bande ? Et, inspiré par Georges Brassens, ne se mettrait-il pas à crier « Vive Robert Ier, roi des cons ! » sur mon passage ?

Ce trône là ne me dit rien qui vaille.
Conclusion : solution trop monarchique !

Essai no3 : la vache

Dans le film « La vache et le prisonnier » de Henri Verneuil, Fernandel, accompagné de sa vache Marguerite, parvient à s’évader d’une ferme allemande dans laquelle il est soumis au Service de Travail Obligatoire (S.T.O.) en parcourant des dizaines et des dizaines de kilomètres à pied. Et pourtant, « ça use, ça use... »

Certes, je n’ai pas le talent du grand comique marseillais, mais ne pourrais-je pas former un nouveau tandem sacré avec ma campagne à 4 pattes dans un remake intitulé « la vache et le globbe-trotter » ?

Conclusion : solution trop cinématographique !

Essai no4 : les échasses

photo prise lors du festival de théâtre de rues pour enfants et adolescents de Pniewy en 2004.

Si le franchissement des estuaires et des fjords m’auraient été facilités, je ne devais pas oublier qu’au printemps 2007, le combat politique pour la victoire dans la « course à l’Elysée » sera à son paroxysme. Sur les plages de sable fin de Bretagne et de Normandie, le risque serait trop grand qu’on me prenne pour une autruche.

Et, si sur les côtes de Flandres un voisin Wallon en villégiature « une fois » me prenait pour un « Flamand » favorable à l’autonomie de sa région ?


Conclusion : solution trop politique !


Conclusion : solution trop politique !

Essai no5 : le monocycle

Bien sûr, les enfants seraient ravis de me voir passer ainsi. Il suffirait que je mette un nez rouge, la magie fonctionnerait car c’est enfantin ! Il m’arrive de jongler et de jouer de l’accordéon sur mon monocycle.

Je n’aurai même pas besoin de leur parler, mon nez rouge leur dira tout ce qu’ils voudraient entendre, leur montrera tout ce que leurs yeux voudraient voir...

Ils m’applaudiraient en Flamand, en Néerlandais, en Allemand, en Danois, en Polonais ... Et moi, malgré ma méconnaissance de toutes ces langues, je comprendrais tout ! ...

Plus de barrière linguistique, une Hanse Européenne de la joie grâce à un nez rouge et à un monocycle !..

Conclusion : solution trop utopique !

Trop aquatique, trop monarchique, trop cinématographique, trop politique, et la plus terrible d’entre elles : trop utopique ! Toutes ces sentences qui se terminent par « ique » me faisait craindre le pire. Et si ces « ique » se transformaient en « hic » ? Ce petit mot invariable de 3 lettres, synonyme de difficultés et d’embûches, m’ordonnaient de revenir les pieds sur terre.

Eurêka, j’ai trouvé ! s’exclama Archimède en découvrant dans son bain la poussée des liquides sur les corps immergés.

Comme le savant grec, dans le bain de ma problématique, je venais de trouver la solution.

« les pieds sur terre !.. » Je ferai cette randonnée à pied même si ce choix me ramenait au paléolithique supérieur où l’Homme de Cro-Magnon se démarquait des autres espèces animales par l’adoption de la station verticale !

C’était décidé, je ferai cette randonnée à pied !

Robert Barthe "pas à pas"

Robert Barthe


Né le 8 mars 1947 à Angers, j’aime préciser que ma ville natale n’est qu’à quelques kilomètres de la Loire ce qui fait de moi un Ligérien.

Neuvième enfant d'une fratrie de 12 (8 garçons et 4 filles) j’ai, depuis le 28 août 1976 le bonheur d’avoir un fils, Mickaël.

Dois-je à l’ange gardien qui veillait sur mon berceau de nouveau né et qui m’aurait chuchoté mon premier proverbe selon lequel « qui veut voyager loin ménage sa monture » ma réticence, selon ma mère, à faire mes premiers pas.

A 28 ans, pris dans le „tourbillon populaire” des courses „hors stade” ou „courses sur route”, je participe à mon premier marathon à Vandoeuvre les Nancy (en Lorraine). Sur les traces du Grec Spiridon, premier marathonien de l’histoire, je démystifie cette antique distance de 42, 195 kms ! Je la croyais jusqu’alors l’apanage de Claude, mon frère aîné que j’avais vu courrir à Angers quelques années auparavant, et des champions Alain Mimoun et Emil Zatopek.

« L’appétit vient en mangeant » dit-on, alors, je commence à « dévorer » les kilomètres d’asphalte et je « lorgne » vers les « 100 kilomètres ». l’épreuve de Bienne (Suisse) accueille chaque année plusieurs milliers de participants. En 1976 (l’année de naissance de mon fils) je me trouve au milieu du peloton de ces « forcats de la route ou du macadam ». Et ainsi de suite de marathons (Vandoeuvre, Paris, Metz, Quiberon...) en « 100 bornes » (Bienne, Martigne-Ferchaud, Lesneven...).

Muté en Bretagne en 1978 j’y importe mon expérience et organise la première épreuve de 100 kilomètres dans cette région qui n’a pas échappé à la « coursemania » grâce à quelques organisateurs passionnés comme Christian Delerue.

A l’âge de 35 ans je participe à ma première épreuve de 24 heures à l’école des officiers de Saint-Cyr-Coëtquidan (Morbihan). Le vainqueur parcourra 240 kilomètres, une performance de niveau mondial ! Pour ma part, je me contenterai de 160 kilomètres, sur une piste de 400 mètres encouragé par Marc et Mado, mes meilleurs amis qui seront encore au rendez-vous en 2004 sur « les bords de la Loire ».

Je pratiquerai la course à pied en compétition pendant près de 20 années.

Attiré par des horizons plus élevés que ceux de la Bretagne (qui ne manque pas d’autres charmes), je ne résiste pas au chant des sirènes des courses de montagne. Je me lance à l’assaut des sommets vosgiens, pyrénéens, alpins et armoricains : Le Grand Ballon (1424 m), le Ballon d’Alsace (1247 m), le Vignemale (3298 m), le Mont Canigou (2784 m), le Pic du Midi de Bigorre (2865 m), Superbagnères (2260 m) et le Menez-Hom qui, en Bretagne, « culmine » à 330 mètres ! Sans oublier la « top des top », Sierre-Zinal appelée aussi la « course aux 5 quatre mille », au coeur des Alpes suisses. 5 sommets de plus de 4000 mètres dont le majestueux Weisshorn qui, à 4505 mètres, regarde « de haut » ces centaines d’athlètes venus des 5 continents en quête de leur « Himmalaya d’émotions », et qui courent sur des glaciers à plus de 2500 m d’altitude !

Parmi ces prestigieuses courses, je n’hésite pas à avouer mon « coup de coeur » pour les Crêtes Vosgiennes dans le massif du même nom ... des émotions qui permettent de « construire des cabanes plus près du ciel » ! ...

Aussi riches d’émotions fortes, et souvent de souffrances, que le sont ces épreuves officielles qui m’ont permis de rencontrer et de me confronter , dans le plus saint esprit de la compétition, à des milliers de femmes et d’hommes, je ressens le besoin de me mesurer à moi-même, seul à seul, hormis quelques amis qui assurent l’intendance et la logistique quand cela s’avère nécessaire.

Ainsi, de temps en temps, je songe à des projets qui me permettront d’aller « cueillir » des moments, voire de très éphemères et fugaces instants, de « qualité et d’intensité supérieures ».

Automne 1977 : 24 heures consécutives (2 tours d’horloge) dans la piscine de Béthoncourt (Franche-Comte) dont j’étais alors directeur. Ma petite famille, dont Philippe mon frérot, les dirigeants et les jeunes nageurs du club dont je suis l’entraîneur bénévole, sont mes plus fervents supporters ... la plus belle récompense !

Été 1981 : une course de 950 kilomètres entre 2 mers. Je réalise la diagonale Méditerranée-Manche en 2 semaines. Une leçon de géographie française inoubliable. Inoubliable comme ces paysages du plateau du Larzac, des Gorges du Tarn accompagnés par des musiques de Mike Oldfield !

Été 1984 : traversée de la Manche. Conjuguant course à pied (400 kilomètres) et natation (40 kilomètres), je rallie la capitale du Royaume-Uni (Londres) à celle de la France (Paris) en 7 jours. Une véritable galère ponctuée par des larmes de bonheur partagées avec une équipe d’amis sur la Place du Tertre à Montmartre !

Été 1996 : une transeuropéenne à bicyclette. Visitée pour la première fois trois années auparavant, je décide de tracer un trait d’union entre la Pologne et la France via la Belgique, le Luxembourg, et l’Allemagne. Une « union européenne » de 1600 kilomètres en moins de 10 jours avec pour récompense, les bras de mes amis dans le village de Bożydar (région de Poznań en Grande Pologne).

Été 2004 : la randonnée « Loire – Espoir ». Je rêvais de ce « 1000 bornes » depuis mon enfance peut-être. Longer le plus long fleuve de France depuis sa source dans le Massif Central jusqu’à son estuaire dans l’Océan Atlantique. Touché par le décès de jeunes enfants et adolescents victimes de la leucémie, je décide de marcher pour celles et ceux à qui la sante a fait de bien méchants croche-pieds. Environ 1200 kilomètres divisés en 46 étapes pour promouvoir le don volontaire de moelle osseuse, solution éventuelle pour lutter contre ce fléau qui frappe surtout les jeunes populations.

Été 2005 : Wisła-Loire en parallèle. Après la Loire l’été précédent, je récidive (à bicyclette cette fois) sur les bords de la Vistule depuis sa source (sur les pentes de Barania Góra), jusqu’à sa rencontre avec la Baltique à Gdańsk.

Cette idée de « double randonnée » avait germé quelques années auparavant après avoir remarqué des traits de ressemblance entre ces 2 longs fleuves.

Conjuguant ces 2 randonnées (la première à pied, la seconde à bicyclette), je réalise deux séries de photos (diapositives) qui dorénavant serviront de guide à mes souvenirs.

Ces diapositives font, depuis, partie d’une conférence relative à la Loire et que je présente notamment dans les établissements scolaires, les centres culturels, les bibliothèques et autres lieux publics de France et de Pologne.

Une façon de faire partager mes longs raids en solitaire ! ..

2006 : l’heure de la retraite approche, mais seulement celle de la retraite professionnelle. Ce sera pour mars 2007. Quant à la retraite sportive, je n’ai pas de raison déclarée (médicale ou autre) d’y penser.

Alors pourquoi s’arrêter en si bon chemin et quel sera ce prochain chemin ?

Orliczko septembre 2006

Pourquoi la France et la Pologne ?

Parce que je partage ma vie entre ces deux pays depuis près de quinze années.
Ville-départ : Angers ou Rennes ?
Pourquoi cette alternative ?
- Angers est ma ville natale, ce serait alors le « choix du coeur ».
- La Ville de Rennes, le Département d’Ile-et-Vilaine, et la Région Bretagne entretiennent des échanges officiels avec la Ville de Poznań et la Voïvodie Wielkopolska (ou Grande Pologne) depuis plus de vingt années. Leur partenariat éventuel pour ce projet pourrait se décliner par le choix de Rennes comme ville-départ.
- L’association I’lle-et-Vilaine Pologne et la Maison de la Bretagne à Poznań s’inscrivent dans cette collaboration.

En chiffres

Distance totale approximative : 6 000 kilomètres.

France : 2 500 km
Belgique : 100 km
Pays-Bas : 600 km
Allemagne : 650 km (1ère partie)
Danemark : 900 km
Allemagne : 650 km (2ème partie)
Pologne : 600 km

En dates

Février 2007 (sous réserve) : présentation du projet à la Maison de Bretagne à Poznań.
Départ : mars 2007
Arrivée : septembre ou octobre, voire après selon les fantaisies et les surprises que peut me réserver la géographie (sur la base d’une moyenne journalière de 25 à 30 kilomètres).

Partenariat, Contacts

Adresse postale en France (de novembre 2006 à mars 2007) :

Robert Barthe
chez Monsieur et Madame Beillard
Les Collinières
49 250 Le Vieil Baugé
France